Montréal, 13 juin 2014 - Les dernières compétitions au calendrier ont été très prolifiques pour Jennifer Abel : deux fois médaillée au Grand Prix Coupe Canada de Gatineau ainsi que lors de la Série mondiale de Windsor, elle a également récupéré son titre de championne canadienne au 3 mètres lors des Championnats nationaux senior d’été de Winnipeg.
Ne faisant pas les choses à moitié, Abel et sa coéquipière de synchro, Pamela Ware, ont battu à deux reprises leur record personnel de pointage en mai dernier, en plus de se rapprocher plus que jamais des Chinoises.
Ces résultats forts reluisants sont venus à point pour celle qui trouvait que sa progression cette saison était trop lente à son goût. Bien qu’elle ne trouve pas d’explication précise au déclic qui s’est produit dès sa première épreuve à Gatineau, il semblerait qu’un ensemble d’éléments se soient enfin réunis pour lui offrir les moyens pour triompher.
Apprendre à se laisser aller
Quelques jours avant le début des épreuves de la Coupe Canada, Jennifer Abel sentait que le vent s’apprêtait à tourner pour elle. Jusque-là, ses résultats en compétitions n’étaient pas à la hauteur de ses performances à l’entraînement « En compétition, on dirait que je perdais tous mes repères et mes mauvaises habitudes revenaient à cause de la fatigue et du stress. Mais à l’entraînement, tout était tellement beau, c’était comme une nouvelle moi! La planche, le timing, l’exécution, tout était parfait. »
La plongeuse de 22 ans devait impérativement trouver une façon de transposer le tout en compétition. Après discussion avec son entraineur, ils en viennent à une nouvelle stratégie; Jennifer doit s’exécuter dès que le sifflet se fait entendre. « Je pense beaucoup en compétition, j’analyse trop. Le moindrement où je pense que je suis mal placée dans mon saut d’appel par exemple, je réagis, ce qui fait en sorte que le résultat est pire. J’avais besoin d’apprendre à me laisser aller. »
Selon elle, les plongeuses de la Chine possèdent cette force d’esprit qui leur permet d’avoir suffisamment confiance en leur moyen pour ne pas broncher lorsqu’elles font une erreur. « On croit que les Chinoises ne manquent jamais leur saut d’appel, mais c’est faux.
Elles font des erreurs aussi, mais elles savent qu’elles ne doivent pas réagir et poursuivre leur plongeon comme à l’habitude. »
Avec une récolte de trois médailles en individuel, soit une d’or à Winnipeg, une d’argent à Gatineau et une de bronze à Windsor en mai, il est évident que cette nouvelle stratégie porte fruits!
Un impact positif en synchro
La qualité de ses plongeons individuels a sans contredit également eu un impact positif lors des épreuves synchronisées. « C’est sûr que ça aide en synchro aussi, car si mon plongeon individuel est bon, les notes seront meilleures. »
À Coupe Canada, le duo établissait son nouveau record personnel à 322.71 points et raflait l’or. Trois semaines plus tard, elles augmentaient cette marque à 326.25 points, se méritant la 2e position du classement final, à 0,15 points de l’équipe chinoise. Heureuses et à la fois déçues d’avoir échappé la médaille d’or de si peu, Abel et Ware sont maintenant convaincues que ce n’est que partie remise.
Après un peu plus d’un an et demi de partenariat, les deux vedettes canadiennes au tremplin de 3 mètres ont su développer une chimie gagnante. « Depuis la Série mondiale de Londres, on s’est beaucoup rapprochée en synchro. On apprend à mieux se connaître. On commence vraiment à trouver notre zone de confort! »
Jennifer Abel l’avoue ouvertement, son deuil d’Émilie Heymans a été difficile à faire, mais elle entrevoit maintenant l’avenir avec Pamela Ware d’un œil différent. « Émilie, elle avait tellement d’expérience derrière elle, elle savait comment gérer la pression. Je crois que maintenant, c’est à mon tour de transmettre ça à Pamela. » Toutes deux dans la jeune vingtaine, le fait qu’elles vivent un quotidien très similaire leur permet de bien se comprendre et d’avoir beaucoup de plaisir ensemble, ce qui allège l’atmosphère en compétition et favorise l’atteinte d’aussi bons résultats.
Des présences familières rassurantes
Autre élément qui semble avoir contribué à la remontée spectaculaire de Jennifer Abel est la présence des membres de sa famille dans les gradins à deux reprises lors du mois. « J’aime ça plongé à la maison et je sais que ça m’aide quand ma famille est là. C’est difficile quand on a de mauvaises performances et d’ensuite être seule parce qu’on est à l’autre bout du monde, qu’on ne peut pas parler à sa famille. Les avoir aussi près, ça m’a aidé au niveau de ma confiance. »
Habituée de voir sa mère et sa grand-mère dans l’assistance, la compétition à Windsor lui a réservé une surprise très spéciale à son cœur : la présence de son père. « Je pense que depuis 10 ans, mon père a pu me voir plonger en compétition deux fois, dont une fois à Londres. Il travaille beaucoup et il aime son métier, alors je comprends. » Tous s’étaient mis d’accord pour lui réserver la surprise jusqu’à la dernière minutes. « Quand je l’ai vu à Windsor, je n’ai pu m’empêcher de pleurer! »
Devant sa famille et partisans canadiens, Jennifer Abel est montée sur le podium en individuel pour la première fois de la saison en Série mondiale. Le week-end suivant, elle est repartie de la Série mondiale de Monterrey avec deux autres médailles de bronze, ce qui nous laisse maintenant espérer que le vent a bel et bien tourné pour elle.
La Coupe du monde de Shanghai et les Jeux du Commonwealth de Glasgow permettront sans doute de confirmer le tout, mais Jennifer Abel adopte déjà l’attitude d’une championne. « À Shanghai, je veux être médaillée dans toutes mes épreuves. Au Commonwealth, j’espère avoir trois médailles d’or et passer à l’histoire. Peut-importe ce qui arrive, si je donne une bonne performance, je vais être fière de moi. »
> Crédits photos: Vaughn Ridley