MICHEL LAROUCHE ESPÈRE DÉVELOPPER UN « STYLE CANADIEN » DE PLONGEON | MEMBRE PLONGEON QUÉBEC DU MOIS DE JANVIER 2012

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Par Samuel Larochelle

Montréal, lundi 6 février 2012 – Alors qu’il complète actuellement son premier cycle olympique à titre d’entraineur-chef national de Plongeon Canada, Michel Larouche entreprend 2012 avec panache. Impliqué pendant trois fins de semaine de suite dans les camps d’entrainement de Plongeon Québec et de Plongeon Canada, ainsi que dans une formation d’entraîneurs de niveau compétition-développement, Larouche vient de lancer une nouvelle évaluation technique qui pourrait changer bien des choses dans le futur du plongeon canadien, méritant ainsi le titre de Membre Plongeon Québec de janvier.

Il en rêve depuis environ 10 ans, mais ce n’est qu’en janvier 2012 que Michel Larouche a vu son projet pilote d’évaluation technique prendre vie. Son objectif : obtenir un système basé sur l’objectivité afin de savoir précisément quels éléments un entraineur doit travailler avec un athlète. « Pendant des années, on considérait les compétitions comme une évaluation, mais nous en ressortions sans bulletin de progression qui nous permettait de connaître les forces et les faiblesses d’un athlète. Les compétitions doivent servir à juger l’appréciation générale d’un plongeon, mais il nous faut un autre moyen pour analyser ce qu’on doit améliorer », explique Larouche.

La première phase de son projet s’est tenue pendant le camp d’entraînement de Plongeon Canada, alors que les 18 membres de l’équipe nationale junior, leurs entraineurs, ainsi que trois officiels d’expérience (Hélène Morneau, Gordon Peterson, Beverley Boys) ont été invités. « On a demandé aux officiels de ne pas juger comme ils le font en compétitions. Afin d’obtenir une perspective en trois dimensions, nous avons installé deux juges sur le côté du tremplin et l’autre devant. Par exemple, le premier sur le côté évaluait la position générale du plongeon, le deuxième se concentrait sur la position des segments à l’intérieur du plongeon (position des bras, de la tête, des jambes, etc.) et le troisième, placé devant, jugeait l’alignement du plongeur. » En décortiquant ainsi les sections d’un plongeon, Michel Larouche désire mettre en place un système permettant d’évaluer chaque athlète de chaque groupe d’âge selon des critères précis afin de standardiser la technique partout au pays.

Autre élément clé de cette nouvelle évaluation : une meilleure communication entre les entraineurs et les officiels. « Je suis entraineur depuis plus de 25 ans et c’est la première fois que je nous vois tous réunis pour parler de technique de cette façon-là, au niveau national. Il faut continuer dans cette direction pour arriver à parler le même langage technique. »

Avec le temps, Michel Larouche veut demander à des officiels d’expériences diverses d’évaluer a posteriori les épreuves des championnats canadiens juniors, filmées de côté et de devant, afin qu’ils puissent donner des points en séparant chaque élément. Une comparaison des notes données permettrait ensuite d’uniformiser l’évaluation de la technique. « On doit aller dans la même direction, partout au Canada. En raffinant les interventions de nos entraineurs, on va arriver à développer un style canadien de précision artistique : amplitude de mouvements, grâce, lignes et positions précises. »

La prochaine étape aura lieu en avril 2012, lors d’un autre camp d’entrainement de Plongeon Canada où 24 athlètes des catégories A, B, C et D seront conviés. « On va également inviter plus d’officiels. On a réalisé en janvier qu’on avait besoin de plus de monde pour la quantité d’éléments à observer. Je vais aussi faire quelques changements sur les critères d’évaluation, selon les différents points de vue des officiels. »

Ultimement, tous les membres de l’équipe nationale junior, ainsi que les médaillés des championnats canadiens juniors vont être évalués. « Lorsque tous les plongeurs juniors vont passer à travers le processus, année après année, on n’aura peut-être plus besoin d’évaluation au niveau senior. On espère que leur technique va être plus claire et plus précise rendus là. »

Michel Larouche continue d’apprendre lui aussi
Considérant depuis toujours qu’un bon entraineur est un entraineur qui ne prétend jamais avoir fini d’apprendre, Michel Larouche a lui aussi fait quelques découvertes au cours du dernier mois.

Participant à la formation d’entraineurs de niveau compétition-développement en tant que formateur pour la partie « plan de pratique », en plus d’être assistant-formateur avec Andrée Pouliot-Deschamps pour la section « analyse de la performance », Larouche a travaillé pour la première fois avec l’approche par compétences. « J’étais habitué à l’approche systémique où le formateur donne l’information pour que les élèves la gobent. Avec l’approche par compétences, on amène les gens à découvrir l’information. On discute et on approfondit davantage un sujet, mais on ne peut pas passer toute la matière. L’autre grande différence, c’est qu’il n’y a pas d’échecs. On donne un cours, on évalue les forces et les faiblesses d’un élève, et on le guide pour qu’il s’améliore en vue de la prochaine évaluation. »

Prendre du recul sur les 4 dernières années
Quand il regarde le travail accompli en tant qu’entraineur-chef national depuis septembre 2008, Michel Larouche a-t-il le sentiment du devoir accompli ? « C’est difficile à dire. J’ai développé une bonne relation avec les entraineurs, je sens une belle ouverture et les gens ont confiance à la grandeur du pays. Je vois une amélioration, mais elle reste insuffisante à mes yeux. La plupart des entraineurs connaissent la biomécanique et la technique, mais je constate une divergence énorme dans la mise en application. Il y a encore beaucoup de travail à faire. »

Avec le recul, Michel Larouche réalise également qu’il ne s’ennuie pas de l’époque où il devait tout faire en même temps : son travail d’entraineur, l’administration et le développement du Club de plongeon CAMO. « J’avais toujours l’impression qu’il manquait d’heures dans une journée et que je faisais tout à moitié, malgré toutes les belles performances sportives. Le lien direct avec les athlètes me manque, mais je sens que je me concentre sur les bonnes choses actuellement. »

Avec l’expérience qu’on lui connait, Michel Larouche est définitivement l’homme de la situation. Nul doute que l’avenir du plongeon canadien est entre bonnes mains.


Publié le 6 / 02 / 2012 classé sous Membre du mois.