« LE MOIS DE MAI A ÉTÉ INTERMINABLE! » - ROSELINE FILION | MEMBRE PLONGEON QUÉBEC DU MOIS DE MAI 2012

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Par Samuel Larochelle

Montréal, le jeudi 31 mai 2012 – En gagnant l’or et l’argent au Grand Prix Coupe Canada, l’argent au Grand Prix des États-Unis et en assurant sa qualification olympique individuelle de splendide façon en remportant l’ultime épreuve de sélection, Roseline Filion a été choisie membre Plongeon Québec du mois de mai.

La plongeuse de 24 ans l’avoue sans détour, le mois de mai a mis ses batteries à plat. « Depuis la finale des essais olympiques, je suis extrêmement paresseuse. Je reste dans mon lit devant la télé et je ne fais rien. Je suis épuisée de tous les efforts que j’ai fournis, tant physiquement que psychologiquement. Le dernier mois m’a paru interminable. Il y avait tellement de stress, d’émotions et d’anticipation en vue des grandes compétitions que ça m’a complètement vidée. »

Même si elle subit présentement les contrecoups d’une saison très chargée, Roseline Filion est particulièrement ravie du travail accompli depuis les Championnats du monde aquatiques de Shanghai, d’où elle était rentrée déçue de ses performances et de sa forme. « Depuis quelques mois, je me suis assurée d’améliorer ma nutrition et d’avoir une plus grande dépense énergétique dans ma préparation physique. À la Coupe Canada, tout le monde me disait que j’avais changé et je voyais moi aussi que mon allure n’était plus celle de juillet 2011. » Même si elle a perdu presque 10 livres, la plongeuse affirme que l’important pour elle était surtout de se sentir mieux dans sa peau et de profiter des effets positifs sur sa vitesse de rotation, sa puissance et ses entrées à l’eau.

Les efforts consentis dans la dernière année ont cependant été mis à rude épreuve avec le feu roulant de compétitions. Seulement neuf jours après l’allégresse de sa médaille d’argent synchro et de sa 4e place individuelle à la Coupe du Monde en février, Roseline repartait pour la saison des Séries mondiales à Dubaï, Pékin, Moscou et Tijuana. « Je suis revenue brûlée des Séries mondiales à la fin avril. Avec les entrainements, les compétitions, les longues heures en avion et l’anticipation du mois de mai, tout était plus difficile mentalement. Je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. Participer aux Séries mondiales était une bonne façon de compétitionner régulièrement pour que tout soit naturel lors des grosses compétitions, mais j’ai trouvé ça exigeant. »

Arrive alors le Grand Prix Coupe Canada, du 3 au 6 mai, où Filion a comme objectif de franchir la barre des 350 points à l’épreuve individuelle, afin d’obtenir deux précieux points de qualification olympique. « Mon classement n’était pas important. Tout ce que je voulais, c’était le pointage. La médaille d’argent qui est venue avec, c’était du bonbon. Du côté de la synchro, nous avons livré une autre belle bataille aux sœurs Wares et nous avons une fois de plus relevé un beau défi pour gagner l’or. »

Vient ensuite le Grand Prix des États-Unis, présenté sous le chaud soleil de la Floride. « J’ai profité de ma semaine à Fort Lauderdale pour relaxer, sans pour autant négliger mon entrainement. La température m’a redonné beaucoup d’énergie. » En plus d’apprécier l’effet des rayons dorés sur son moral, Roseline a été obligée de composer avec de fortes bourrasques de vent, qui ont perturbé le cours de sa finale à l’épreuve synchro, où elle a terminé deuxième avec Meaghan Benfeito. « Le vent est un énorme défi en synchro. Avant notre épreuve, Meaghan et moi, on s’est dit qu’on était plus lourdes que le vent et qu’on n’allait pas se laisser influencer par ça. Finalement, les gens nous ont dit qu’on était les plongeuses les plus fortes, les moins hésitantes et les plus solides de l’épreuve. Après avoir passé à travers ça, on savait qu’on était prêtes pour la suite. »

La suite est consacrée à des simulations de compétitions organisées par son entraineur, César Henderson, et à plusieurs discussions avec son préparateur mental, Fabien Abejean. « La semaine des essais, on a mis l’accent sur le fait que tout allait bien depuis quelques semaines et que je n’avais pas besoin d’en mettre plus seulement parce que les essais arrivaient. J’ai gardé mes habitudes et ça a fonctionné. »

Malgré le calme et la confiance qu’elle affiche pendant la semaine, Roseline Filion est rattrapée par le stress, le jour de sa compétition. « Je voulais mourir ! Ça a été la compétition la plus stressante de ma vie. Notre épreuve était la dernière des essais olympiques. J’ai été témoin des déceptions et des rêves qui se réalisent pour les autres athlètes. Ça a ajouté à mon stress. »

Concluant les préliminaires avec deux points de retard sur Carol-Ann Ware, Filion doit faire beaucoup mieux pour aller aux Jeux. « Une bonne performance ne suffisait plus. Je devais gagner à tout prix ! J’avais mal au cœur, j’étais comme une poule pas de tête et ne savais plus quoi faire de mon corps. Mais comme je sais qu’avec moi, la clé pour bien plonger, c’est de demeurer calme, j’ai travaillé très fort toute la journée pour rester concentrée. »

Après la finale où elle sort le grand jeu pour terminer en tête, quelques larmes de tristesse sont versées. « C’était un moment très émotif de voir Meaghan, Jennifer et les membres de ma famille pleurer comme ça. Mais au fond de moi, je savais qu’il manquait mon grand-père dans les estrades. C’était difficile de ne pas le voir là, mais je suis dit qu’il célébrait sûrement ma victoire au ciel. » Le grand-père de Roseline, fidèle et loyal partisan de sa petite-fille depuis toujours, est décédé en janvier dernier.

Plus tard le même jour, quand certains journalistes lui demandent si elle considère vivre sa meilleure saison en carrière, après ses exploits du mois de mai et ceux de la Coupe du monde FINA 2012, Roseline tient à préciser que rien n’est terminé et que le meilleur est à venir. « Je me sens comme si je venais de graduer, mais sans avoir terminé mon année scolaire. Pourtant, le plus gros n’est pas encore arrivé. En 2008, je me suis entrainée toute l’année en vue des essais, mais en 2012, je m’entraine pour les Jeux. Présentement, je profite de ma semaine de congé, mais je sais comment faire pour retrouver mon énergie jusqu’aux Olympiques. »

D’ici à ce que Roseline entre en action à Londres, soit le 31 juillet pour l’épreuve du 10 m synchro, il reste exactement deux mois. « Je vais profiter du fait que je suis à la maison pour retrouver ma routine et me concentrer sur l’entrainement. J’ai assez fait de compétitions cette année. L’heure est aux petits détails. » Parmi ceux-ci, notons une attention toute spéciale qui sera donnée à l’ouverture de son 3 ½ retourné, ainsi qu’à la distance qui la sépare de sa partenaire synchro lors du 3 ½ avant carpé. Sans oublier les entrées à l’eau qui seront déterminantes si Meaghan et Roseline veulent rentrer de Londres avec une médaille.

Roseline Filion le dit maintenant sans gêne : si les jeux de Pékin étaient ceux de l’expérience, les Jeux de Londres seront ceux de la performance.

 

 

Publié le 31 / 05 / 2012 classé sous Membre du mois.