4 novembre 2010
Plongeon Québec désire mettre à l’avant-plan les exploits réalisés par ses membres en identifiant chaque mois le ou les athlète(s), entraîneur(s), officiel(s), bénévole(s) ou administrateur(s) qui auront su se démarquer au cours du mois précédent.
Alexandre Despatie carbure aux défis. Bien qu’il ait accumulé les honneurs depuis des années, le plongeur de 25 ans affirme sans hésiter que son futur en tant que plongeur ainsi que sa carrière post-athlétique devront le sortir de sa zone de confort à chaque jour pour qu’il ait envie d’être de la partie. Portrait d’un plongeur d’exception qui analyse avec lucidité le personnage médiatique qu’il est devenu et l’acteur-communicateur qu’il pourrait devenir.
Honoré par Plongeon Québec pour ses exploits du début octobre à New Delhi (3 médailles d’or en 3 épreuves), Alexandre Despatie a vécu ses derniers Jeux du Commonwealth comme il avait vécu ses premiers : dans la gloire dorée et hyper-médiatisée.
12 ans en tant que personnage public, ça ne change pas le monde, sauf que…
Avant d’être révélé à la face du monde, Alexandre avoue qu’il avait bien peu d’expérience avec les médias : « J’avais environ 10 ans lors de ma première entrevue. C’était dans un petit studio de Laval, je ne savais pas comment m’habiller, je ne comprenais pas pourquoi on voulait me parler et j’étais un peu nerveux », se souvient-il. Trois ans plus tard, la victoire à Kuala Lumpur se présente et quelque chose de grand est entamé. « Tout d’un coup, des inconnus venaient me féliciter dans la rue, c’était particulier. Heureusement, en ayant la chance de vivre ça très jeune, je me suis adapté sans paniquer, au fur et à mesure », raconte Alexandre.
De retour à Montréal, on place le jeune Despatie au centre d’une conférence de presse, entouré du reste de l’équipe canadienne. « Les médias me bombardaient de questions sans s’intéresser aux autres. Du haut de mes 13 ans, j’avais même demandé aux journalistes de questionner les autres un peu plus. À ce moment-là, j’ai compris que tout venait de changer. » Naturellement, devenir une personnalité connue du grand public implique quantité d’expériences de vie positives, ainsi que son lot de difficultés quotidiennes. « Plusieurs personnes assument des faussetés et des idées préconçues à mon sujet. Si je pouvais, je me passerais de ça. »
Être doué avec les médias : un art qui se travaille et se peaufine
Les années ont passé et Alexandre s’assure aujourd’hui qu’on parle également des autres plongeurs qui l’accompagnent sur les podiums. « Je n’ai jamais demandé d’avoir toute cette attention, mais maintenant qu'on me la donne, je veux qu’on parle des belles performances de toute l’équipe. Il faut que ça se sache qu’on est bon et qu’on s’entend bien. »
Bien entouré afin de bien gérer les demandes médiatiques qui affluent, Alexandre affirme avoir gardé le cap de l’honnêteté depuis ses débuts. « Je n’ai jamais voulu mentir ou me défiler quand ça allait mal. J’essaie de m’exprimer le plus positivement possible en entrevues, mais c’est toujours fait avec franchise. » À ce sujet, qu’est-ce qu’une bonne entrevue pour Alexandre Despatie ? « Avoir des choses à dire, savoir exprimer ses sentiments, varier son vocabulaire, ne pas prendre ça à la légère, et être capable de prendre la critique. Je suis constamment à la recherche de la vérité pour devenir meilleur. »
Évidemment, faire une bonne entrevue, cela se joue à deux. « J’adore rencontrer des journalistes informés et passionnés. Ceux qui n’ont pas envie d’être là et qui enchaînent les questions sans m’écouter, ils me perdent. Je préfère développer une belle connexion pour en donner un peu plus dans mes réponses et sortir des lieux communs. »
« J’ai encore mes classes à faire pour être acteur. Ce serait fou de prétendre le contraire. »
Depuis quelques années, Alexandre Despatie a fait de courtes apparitions dans les films À Vos Marques Party!, en plus de réaliser des reportages et de commenter les cérémonies d’ouverture et de fermeture aux Jeux olympiques de Vancouver. Selon le principal intéressé, le métier d’acteur a toujours une longueur d’avance sur celui de communicateur. « Je ne veux pas devenir un journaliste sportif. Et si on m’offrait un boulot de chroniqueur ou d’animateur à ma retraite du plongeon, j’y penserais à deux fois. Je veux faire quelque chose qui me convient et être bon. Je refuse de faire ma place dans les médias juste parce que je suis Alexandre Despatie. Si on m’offre un poste pour lequel je ne suis pas prêt, je ne l’accepterai pas. »
Incapable d’envisager un travail de bureau, Alexandre explique avoir besoin de faire un métier qui sort de l’ordinaire. « Ça fait des années que je veux devenir acteur, mais je n’ai jamais interprété un personnage pour vrai. J’ai vécu l’expérience des studios en jouant un rôle quasi identique à qui je suis, mais j’ai d’autres ambitions que celles de jouer Alexandre Despatie. »
Partir pour mieux revenir ?
Très conscient que son personnage médiatique prend actuellement toute la place, Alexandre envisage l’idée d’être formé ailleurs pour obtenir l’heure juste. « Après ma carrière en plongeon, je vais peut-être quitter le Québec un moment pour obtenir une formation en jeu à Toronto, Vancouver, Los Angeles ou New York. Je sens que j’ai ce qu’il faut pour devenir acteur si je prends le temps de le développer. J’ai toujours été très émotif comme personne, mais je n’ai tout simplement pas montré ce côté-là de moi jusqu’à maintenant. Je rêve à des rôles comme ceux de Johnny Depp ou de Robert Downey Jr, qui savent jouer la comédie, pleurer et faire des films d’actions. J’ai encore tout à apprendre, mais j’ai envie d’aller voir pour vrai. Je vais avoir besoin de défis comme ça jusqu’à la fin de mes jours. »