LE PLONGEUR FRANÇOIS IMBEAU-DULAC : 0,35 POINT QUI VAUT DE L'OR | MEMBRE PLONGEON QUÉBEC DU MOIS D'AVRIL 2011

Par SamuelLarochelle

Montréal, mardi 10 mai 2011 – Pendant que les vedettes québécoises confirmées attiraient l’attention de tous au dernier Grand Prix Coupe Canada de Montréal, un autre plongeur faisait sa marque dans l’imaginaire des centaines de spectateurs présents à la piscine olympique. En se qualifiant pour ses tout premiers Championnats du monde aquatiques, grâce à une performance lui valant 0,35 point de plus que le standard exigé, François Imbeau-Dulac a réussi LA performance qu’il lui fallait au bon moment, se méritant ainsi le titre de Membre Plongeon Québec du mois d’avril.

En voyant apparaître les résultats du dernier plongeon de François Imbeau-Dulac, rarement une foule aura à ce point crier et applaudi un plongeur qui venait de terminer au cinquième rang de sa demi-finale. Les bras dans les airs, Scott Cranham, directeur de la haute performance chez Plongeon Canada, Michel Larouche, entraîneur national, et Isabelle Cloutier, directrice exécutive chez Plongeon Québec, avaient peine à réaliser la remontée spectaculaire que le plongeur de St-Lazare venait d’effectuer. Au même moment, son entraîneur Aaron Dziver se précipitait vers lui pour le prendre dans ses bras. « Lorsque j'ai entendu l'équipe canadienne crier et que j’ai vu la réaction d’Aaron, j'ai compris que j'avais réussi quelque chose de gros, raconte François. » En effet, le plongeur venait d’obtenir un billet pour les Championnats du monde aquatiques qui auront lieu en Chine, en juillet prochain. Naturellement, tout plongeur serait ravi de réussir pareille sélection, mais en connaissant le parcours du principal intéressé, une telle réussite est d’autant plus significative.

Apprendre à canaliser son énergie et ses émotions
En inscrivant François au Club de plongeon du Rouge et Or de Québec en l’an 2000, les Imbeau-Dulac ont une idée bien précise en tête : « Mes parents insistaient pour que je pratique un sport où je pouvais sauter partout et faire des pirouettes sans me faire mal. Quand j’étais jeune, j’étais tellement turbulent que je me suis déjà cassé le bras et la clavicule en faisant le singe.» Bien entendu, l’énergie n’est pas le seul élément que doit maîtriser François. Ses émotions ont également une large influence sur son attitude à l’entraînement et en compétition, lui qui peut vivre des joies et des peines si fortes qu’elles changent sa façon de plonger ou de se percevoir. « Je travaille très fort pour apprendre à gérer mes émotions lorsqu’elles se présentent avec autant d’intensité. Je ne peux pas me permettre de les laisser prendre le dessus si souvent. J’ai également amélioré mon caractère à l’entraînement. Ça m’a pris beaucoup de temps avant d’avoir une bonne éthique de travail. Je faisais souvent à ma tête, j’avais de la difficulté à suivre les instructions et je n'apprenais pas très rapidement. » Heureusement, un déclic se produit en 2001 lorsque François participe aux Jeux du Québec à Rimouski. « Après la compétition, j'ai réalisé que je pouvais devenir un bon plongeur. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'entrainer plus fort et à écouter davantage mon entraineur. »

L’éternel substitut
Malgré tous les efforts fournis à l’entraînement, François Imbeau-Dulac rate plusieurs compétitions internationales juniors de très peu. « Je manquais parfois le pointage par quelques points ou j’obtenais la position tout juste derrière le dernier plongeur sélectionné. J’étais souvent le remplaçant des équipes internationales. » Conscient qu’une telle situation a toutes les chances de le décourager, François en profite plutôt pour travailler plus fort et pour donner un petit extra à chaque entraînement.

En 2007, le vent tourne finalement en sa faveur lorsqu’il réussit à se qualifier pour ses premiers Championnats panaméricains juniors à Puerto Rico. « Cette expérience m'a fait réaliser que je pouvais bien performer sur la scène internationale junior. Par la suite, en 2008, j'ai remporté mon premier titre national senior au 1 m et mon premier titre national junior au 3 m. Quelque chose venait de changer. » S’en suivent alors d’enrichissantes participations aux Grands Prix dès 2008, suivi de trois finales en Russie, en Espagne et aux États-Unis en 2010. « Au Grand Prix de Floride l’an dernier, j’ai senti que j’avais un potentiel intéressant pour le futur en réussissant enfin à gérer mes émotions et à établir un record personnel de 427 points. »

Le stress monte d’un cran à Coupe Canada
Même si certains plongeurs québécois profitent de la compétition montréalaise pour se galvaniser des encouragements d’une foule partisane, pour François Imbeau-Dulac, Coupe Canada est plutôt synonyme de stress ajouté. « Plonger à la maison, devant les gens de Plongeon Canada, c’est toujours intimidant. C’est important pour moi de leur prouver que je suis à la hauteur de leurs attentes. »

Après des préliminaires difficiles où il se qualifie de justesse pour les demi-finales, François sent la pression monter. En obtenant l’une des deux meilleures performances canadiennes au tremplin individuel de 3 m, la première étape de sélection est passée, mais rien n’est encore joué. Les fameux 425 points doivent encore être réussis. Après deux premiers plongeons relativement bons et deux autres moyennement et totalement ratés, une grande marge de points sépare François de l’objectif ultime. « Après le quatrième plongeon, je croyais ne plus avoir de chances pour me qualifier, alors j’ai choisi de terminer en beauté avec mes deux plongeons favoris. Je voulais simplement profiter du moment et démontrer tout mon potentiel. » Résultat : deux plongeons qui lui valent des neuf, une foule enflammée, une entrevue à la télé, une photo de lui dans les journaux le lendemain, et une place dans l’avion qui mènera les vedettes de l’équipe canadienne vers la Chine en juillet.

Une dizaine de jours après sa qualification, François Imbeau-Dulac voit déjà l’histoire du 0.35 point comme faisant partie du passé. Son prochain objectif : les Championnats du monde aquatiques. La clé du succès : travailler, gérer ses émotions, travailler, gérer ses émotions et bien sûr… s’amuser.

Crédits photo : Clay Neddo


Publié le 10 / 05 / 2011 classé sous Membre du mois.