MARIE-CLAUDE SAINT-AMOUR : DU PLONGEON À LA TRAUMATOLOGIE SPORTIVE | APRÈS-CARRIÈRE

Archives des autres portraits d’après-carrières sportives : http://www.plongeon.qc.ca/?q=node/971

Par Samuel Larochelle

Montréal, mardi 21 février 2012 – Associée pendant des années à la clinique médicale du sport de l’Université de Montréal, Marie-Claude Saint-Amour a choisi une profession qui lui a permis de découvrir les rouages musculo-squelettiques du volley-ball, du cheerleading, du hockey, de la gymnastique, du football, du soccer, du snowboard, du ski alpin, du biathlon et de plusieurs autres sports en près de 15 ans de carrière. Portrait d’une passionnée de traumatologie sportive qui n’a jamais cessé de plonger.

Elle trempe son orteil dans le bassin de plongeon à l’âge de 9 ans, mais ce n’est que deux ans plus tard que Marie-Claude Saint-Amour entame une carrière de plongeuse qui ne s’est pas encore terminée. « Je me suis entraînée sérieusement pendant 10 ans et j’ai plongé au niveau compétitif jusqu’à 26 ans. Je participais aux épreuves seniors lors des championnats provinciaux et j’étais souvent deux fois plus vieille que certaines compétitrices. Aujourd’hui, je m’entraîne chez les maîtres au Club de plongeon du Sud-Ouest, à Montréal. »

Après des études en sciences de la nature au cégep, Saint-Amour choisit l’avenue de la physiothérapie sans la moindre hésitation. « C’était mon premier choix, même si je ne savais pas du tout dans quoi je m’embarquais. J’étais passionnée par la biomécanique et les interrelations du corps humain. Le jour où j’ai consulté le curriculum du programme de physio de l’Université de Montréal, j’ai vu qu’il y avait un cours en traumatologie sportive et ça m’a convaincue de m’inscrire. »

Appréciant largement la diversité des domaines reliés à la physiothérapie (gériatrie, neurologie, pédiatrie, victimes d’AVC, etc.), Marie-Claude ressent pourtant une affection toute particulière pour les cas reliés aux blessures et aux accidents. « Mon travail m’amène à intervenir sur le terrain lorsque les athlètes se blessent et je dois faire des liens avec tout leur système d’entraînement. Quelque chose qui semble anodin pour Monsieur et madame Tout-le-Monde peut rapidement devenir problématique pour un athlète.»

Désirant se concentrer sur la traumatologie sportive, sans pour autant délaisser la pratique auprès du grand public, Marie-Claude Saint-Amour obtient la spécialisation nécessaire en physiothérapie sportive et en thérapie manuelle afin de pouvoir traiter les athlètes des équipes nationales et être sélectionnée sur les équipes médicales des grandes compétitions. « Quand on travaille avec les athlètes, on devient des mamans et des nounous pour tous leurs petits bobos. Je n’ai pas la prétention d’être un médecin, mais je fais des recommandations en restant bien consciente des médicaments qu’ils ont le droit de prendre ou non. Les circonstances du métier peuvent aussi nous demander de jouer au psychologue avec eux. Pendant les traitements, les athlètes se laissent aller et se confient à nous. On doit donc apprendre à les écouter, sans trop dépasser notre champ d’action. »

Évoluant d’abord dans une clinique privée sur la Rive-Sud de Montréal pendant deux ans, la plongeuse-physiothérapeute s’implique avec des équipes de football midget, de hockey féminin et de soccer AAA pendant la fin de semaine. Avouant être peu habituée aux sports de contacts, Saint-Amour apprivoise la mentalité de durs qui prévaut au football. « Les joueurs de football universitaires sont habitués d’être encadrés, mais pas au niveau midget. Il y avait une éducation à faire. Dans leur monde de gars, ils se croyaient capables de jouer même en étant blessés, alors il a fallu que j’apprenne à mettre Mon pied à terre. Puisque je suis une fille, que je suis minuscule et que j’avais l’air d’avoir 16 ans, même au début de la vingtaine, j’ai dû travailler fort pour être respectée en tant que professionnelle médicale. »

Arrive ensuite une étape importante dans la vie professionnelle de Marie-Claude Saint-Amour : 7 ans passés à la clinique médicale du sport de l’Université de Montréal. « Je faisais 35 heures de clinique par semaine avec les étudiants et les sportifs de l’extérieur, je traitais des athlètes de plusieurs équipes de l’université, mais j’étais principalement attitrée aux Carabins en volley-ball féminin. Avec les années, j’ai découvert que le volley-ball est un sport très intense. En raison des nombreux impacts que les athlètes faisaient subir à leur corps en sautant et en frappant, je devais traiter des entorses aux genoux et aux chevilles, des déchirures ligamentaires, des commotions cérébrales et des décollements de rétine. »

De toute évidence, le volume de répétitions élevé des athlètes de haut niveau doit être considéré avec beaucoup d’attention par les physiothérapeutes. « Les sportifs du dimanche n’ont pas de sélection ou de « carding » en jeu comme les athlètes. Les techniques de traitement sont les mêmes qu’avec le grand public, mais on n’a pas le choix de comprendre les demandes spécifiques d’un sport pour faire un bon traitement. Un athlète qui fait 150 fois le même geste dans un entrainement doit avoir une technique absolument parfaite pour éviter de se blesser. Mon travail ne consiste pas seulement à guérir les blessures, mais à les éviter. »

Physiothérapeute de l’équipe canadienne de plongeon au Grand Prix de Moscou en 2007, membre de l’équipe médicale canadienne lors des FISU GAMES 2007 de Turin en Italie (snowboard cross, demi-lune, ski alpin, biathlon) et ceux de 2011 à Shenzhen en Chine (volley-ball de plage et gymnastique rythmique), Marie-Claude prend alors conscience des avantages de suivre une équipe sur une longue période. « Quand les athlètes et les entraÎneurs me connaissent, la relation de confiance facilite énormément mon travail. Si après une évaluation, on conseille à un athlète de ne pas retourner à l’entraînement ou à la compétition, l’entraîneur ne nous met pas en doute. C’est sûr qu’il n’est pas content, mais il comprend que tu sais de quoi tu parles et il fait avec. J’ai été très chanceuse avec les Carabins. J’avais développé la relation idéale avec l’entraîneur Olivier Trudel. Je m’exigeais de petits miracles en cas de blessures et il ne me mettait jamais de pression. On était capable d’être francs l’un envers l’autre et de se dire les choses telles qu’elles étaient. » Autre élément positif avec le fait d’être attitrée à un groupe d’athlètes sur une longue période : le sentiment de faire partie de l’équipe. « Quand ça fait longtemps que tu t’impliques avec des athlètes sur une base régulière, tu pleures quand l’équipe pleure et tu célèbres quand l’équipe célèbre. C’est bien différent des grands Jeux où la confiance n’est pas établie et où les entraîneurs ont de la difficulté à nous dire merci. »

Ces jours-ci, Marie-Claude Saint-Amour travaille pour la clinique privée Physioactif, enseigne la thérapie manuelle à l'Université de Montréal et à l'Association québécoise de physiothérapie manuelle orthopédique, participe à quelques événements sportifs en tant que physiothérapeute, siège sur le conseil d’administration de la médecine du sport du Québec et agit à titre d’officielle nationale junior en plongeon lors de 6 ou 7 compétitions par année. En plus d’espérer profiter de l'intime connaissance qu'elle a de son sport de prédilection pour suivre les plongeurs de haut niveau dans les grandes compétitions, Marie-Claude Saint-Amour chérit le rêve de travailler aux Jeux olympiques en tant que physiothérapeute.

Avec tout ce qu’elle a accompli à seulement 34 ans, parions que son futur lui réserve son lot de grandes réussites.

 

Publié le 21 / 02 / 2012 classé sous Communiqués de presse.